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GreenSpace : des arbres, oui, mais pas n’importe lesquels

Publié le 12/02/2024
Dédié à la (re)végétalisation des villes pour atténuer les ilots de chaleur et la pollution urbaine, le projet GreenSpace propose deux innovations majeures. Bienvenue dans les coulisses de ce projet particulièrement instructif sur les liens étroits entre réchauffement climatique et pollution de l’air.

Les réunions de suivi de projets sont toujours des moments privilégiés pour connaître les équipes et s’instruire sur les thématiques couvertes, avec parfois quelques surprises ! Comme avec GreenSpace, où nous avons appris -entre autres- que certains arbres peuvent dégrader significativement la qualité de l’air. 🧐

Objectifs du projet

Fruit d’une douzaine d'années de travaux scientifiques, GreenSpace prototype son service final sur deux villes aux caractéristiques bien différentes : Valence, en Espagne, particulièrement touchée par une pollution à l’ozone, et Bucarest, en Roumanie, où la pollution aux particules fines est très problématique.

Développé par la société ARGANS, le service s’adresse directement aux agglomérations qui ont besoin d’indicateurs pour répondre aux nouvelles politiques environnementales françaises et européennes, mais aussi pour se projeter dans leur futur climat. Typiquement, dans les prévisions les plus optimistes du GIEC, les villes du sud-est de la France connaîtront en 2050 le climat actuel de Valence. Dans ce contexte, identifier les essences profitables aujourd’hui à Valence peut s’avérer d’excellent conseil pour établir une stratégie de (re)végétalisation des villes de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Deux services inédits

Menée en 4 étapes, la méthode commence et s’achève par deux innovations majeures.

  • Réalisation d’un inventaire complet des espaces verts publics et privés par satellite

Imaginiez-vous qu’en moyenne 80 à 85% du parc arboré urbain est privé ? De fait, la sphère privée tient un rôle majeur pour la végétalisation des villes.

👉 Les inventaires d’arbres du domaine public fournis au projet par les mairies servent de base d’apprentissage pour ensuite identifier le parc privé sur des images satellitaires.

  • Quantification réaliste de la capacité du patrimoine arboré à diminuer (ou non) la pollution de l’air et à séquestrer le CO2 à l’échelle de la ville, grâce à cet inventaire complet et à la connaissance scientifique des différentes espèces.

  • Cartographie des ilots de chaleur urbains et des zones sensibles pour cibler et définir des plans de végétalisation.

  • Production de recommandations comme le nombre et le choix des espèces d’arbres à privilégier pour les politiques de plantation.

C’est bien sur cet aspect que l’auditoire s’est retrouvé bouches bées et bras ballants ! Comme le résume Pierre Sicard, expert en pollution de l’air et foresterie urbaine de la société ARGANS, « Tous les arbres sont bons pour l’homme mais pas forcément pour la qualité de l’air. En effet, si tous les arbres éliminent les polluants particulaires et gazeux de leur environnement immédiat, certaines espèces émettent des composés organiques volatils qui, sous l’effet du rayonnement solaire se combinent à d’autres polluants et génèrent des polluants dits secondaires comme l’ozone. In fine, selon leur nombre et les conditions climatiques, certains arbres peuvent produire plus de polluants que ce qu’ils en éliminent ».

L’ozone est le 3ème gaz à effet de serre qui, par le phénomène de photochimie (accentué par l’augmentation des températures), devient un polluant. Déjà émis en masse par les gaz d’échappements automobiles, l’ozone en ville devient un problème majeur.

👉 À Valence par exemple, très riche en palmiers, GreenSpace préconisera, entre autres recommandations, de planter des espèces comme l’érable, capable de compenser la pollution à l’ozone que génèrent les palmiers.

👉 Dans une ville comme Bucarest, les recommandations porteront sur d’autres espèces pour leurs facultés à éliminer les particules fines émises principalement par le trafic routier.

« Une stratégie efficace de (re)végétalisation urbaine doit prendre en compte le réchauffement climatique et la pollution de l’air, avec une sélection pertinente des espèces au regard de celles qui existent déjà. » Pierre Sicard, ARGANS

Avancement du projet

Dans une démarche agile pour coconstruire le système avec les utilisateurs, l’équipe projet a commencé par rencontrer les deux villes partenaires fin 2023.

Valence : la zone d’étude et les besoins ont été définis, l’inventaire municipal des arbres fourni, et les premières images satellite multispectrales acquises. L’équipe commence à mener l’analyse spectrale de ces images pour détecter et classer les arbres, la tri-stéréoscopie permettant de définir leur hauteur. Une campagne de validation terrain est prévue en juin, période optimale pour caractériser la végétation. L’équipe projet pourra alors se concentrer sur la cartographie des services rendus (filtrage de la pollution et des gaz à effet de serre, stockage du carbone).

Zone d’étude sur Valence

Zone d’étude sur Valence. © ARGANS

Cartographie des arbres publics Valence

Cartographie des arbres publics. © ARGANS

Bucarest : étendue (251 km2), la zone d’étude a été définie. Les autres étapes sont en cours, avec la nécessité de demander une programmation Pléiades en juin pour commencer l’analyse spectrale dès juillet 2024.

Zone d’étude sur Bucarest

Zone d’étude sur Bucarest. © ARGANS

Préparant sa future interface de visualisation des résultats, ARGANS est en train d’intégrer le site web GreenCity.

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