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Tête à tête avec l’OFB

Publié le 14/12/2020
2020 placée mondialement sous le signe de la Biodiversité, le SCO a inclus cette thématique au cœur de ses appels à projets. Parmi les membres du Comité inter-organismes (CIO) du SCO France, il en est un qui garde un œil très attentif aux réponses de l’appel à projets national : l’OFB, Office français de la biodiversité. Entretien avec François HISSEL, Directeur de la surveillance, de l'évaluation et des données à l’OFB.

Pourquoi l’OFB adhère-t-il au SCO France ?

François Hissel : L’OFB remplit plusieurs missions dont la connaissance de la biodiversité. Celle-ci implique de réaliser un état des écosystèmes et de leurs tendances d’évolutions mais aussi d’identifier les pressions qui s’exercent sur eux car ce sont les points sur lesquels nous sommes en mesure d’agir. Or, selon le rapport 2019 de l’IPBES*, qui est à la biodiversité ce que le GIEC est au climat, le changement climatique est l’une des principales sources du déclin de la biodiversité. Il est donc très important pour nous de connaître le changement climatique et son impact sur les écosystèmes. Nos 1700 agents présents sur le terrain sont encore insuffisants pour couvrir tous les besoins de connaissance, sur les habitats, les espèces, les infrastructures paysagères... Avec une couverture homogène de tout le territoire français et des données qui nous permettent de caractériser les milieux, les satellites vont compléter nos connaissances, avec l’aide du SCO.

* Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services / Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques

François Hissel © OFB

François Hissel © OFB

Qu’attendez-vous du SCO France ?

F.H. : Nous ne sommes pas des spécialistes des données spatiales mais certains membres du CIO le sont. Pour moi, l’intérêt du SCO France est bien là : rapprocher des utilisateurs bénéficiaires - comme l’OFB - avec des établissements qui connaissent et savent manipuler des données in situ et spatiales, développer les algorithmes ad hoc. Je suis heureux de pouvoir travailler avec des gens comme le CNES, l’IGN et Météo France qui ont la connaissance pour exploiter toutes ces données et les appliquer aux besoins de suivi de la biodiversité.

« Nous comptons sur le SCO pour développer des outils innovants à l’échelle du territoire pour remplir nos missions. »

Quels sont les principaux impacts du changement climatique sur la biodiversité et contre lesquels il est urgent d’agir ? Y a-t-il des zones prioritaires à cet égard ?

F.H. : En terme d’impacts directs, on observe surtout un bouleversement des communautés d’espèces en raison de la hausse des températures qui provoque des déplacements, vers l’altitude ou le nord. Les impacts indirects sont beaucoup plus nombreux. Par exemple, le réchauffement des océans s’ajoute à leur acidification et conduit à d’autres effets comme le blanchissement des coraux. Les bouleversements climatiques peuvent aussi conduire à la propagation d’espèces invasives. Nous considérons nos territoires d’Outre-Mer comme des zones prioritaires car soumis à des évènements climatiques très intenses, mais aussi et surtout car l’on a très peu de connaissances à leur sujet alors qu’ils sont très riches en biodiversité. L’OFB prend d’ailleurs part à la toute récente ARB, Agence Régionale de la Biodiversité, créée en Guadeloupe, et nous préparons celle de la Réunion qui fédérera les connaissances et les expertises sur l’Océan Indien.

En quoi les données satellites peuvent-elles compléter ce que les équipes de votre institution font déjà en matière de biodiversité ?

F.H. : Je prends un exemple. Nous avons mis en œuvre l’an dernier un prototype au service de notre mission de police de l’environnement. Grâce aux données spatiales, cet outil peut identifier la présence de cultures intermédiaires, qui sont des pièges à nitrates. Ceci nous permet de vérifier que les actions recommandées pour le captage des nitrates ont bien été mises en place.

Nitrates © OFB

Expérimenté en Bretagne, l’outil de contrôle génère une cartographie des pollutions diffuses, dont les nitrates. © OFB

Le SCO France vient de clore les réponses à son second appel à projets. Comment y prend part l’OFB ?

F.H. : Nous avons participé à la rédaction du cahier des charges relatif à la biodiversité et nous avons prévu un budget pour les projets labellisés SCO. Nous avons également pu interagir avec certains porteurs de projets pour affiner leurs propositions, dont une cartographie de la végétation des terres australes françaises et une autre des haies sur l’hexagone. Je trouve l’esprit des appels à projets SCO très intéressant, car ils abordent des thématiques très variées en mettant l’accent sur le caractère opérationnel et transférable des résultats.

Quel futur voyez-vous pour le SCO ?

F.H. : Le SCO France est en train de créer une vraie dynamique qui pourrait alimenter, par exemple, une communauté de travail autour des appels à projets à laquelle pourraient contribuer les participants des projets arrivés à terme. J’espère que le SCO pourra aussi rapidement renforcer ses liens internationaux, notamment pour mettre en partage les algorithmes des différents projets.

 

L’Office français de la biodiversité ou OFB est officiellement né le 1er janvier 2020 de la fusion de l’AFB (Agence française pour la biodiversité) et de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage). Établissement public dédié à la sauvegarde de la biodiversité, une de ses priorités vise à répondre de manière urgente aux enjeux de préservation du vivant.