BOSCO : récit d'une co-construction bretonne
Rennes, le 24 avril 2025. Dans une salle baignée de lumière sur le campus de Beaulieu, le projet BOSCO (Bretagne : Observatoire Spatial du Contenu en eau des sols) a tenu sa réunion de clôture à l’Observatoire des Sciences de l’Environnement de Rennes (OSERen). Coordonné par un consortium réunissant des chercheurs, des entreprises, des acteurs publics et des gestionnaires de l’eau, BOSCO a démontré tout le potentiel d’un jeu de données commun et homogène, issue de la télédétection, pour accompagner une gestion intégrée de l’eau sur la base d’un consensus sur l’accès et le partage de l’eau dans une région très impactée par le nouveau régime climatique.
Un enjeu stratégique pour les territoires
Face aux tensions croissantes sur la ressource en eau et à la nécessité d’en modifier les pratiques de gestion, le projet BOSCO est né d’une ambition claire : fournir des indicateurs fiables, à très haute résolution spatiale et temporelle, pour suivre la teneur en eau des sols bretons à l’échelle de la parcelle. Un enjeu essentiel dans un territoire où les politiques publiques — gestion des ressources en eau, lutte contre les nitrates, protection des zones humides — nécessitent des données de qualité pour appuyer les décisions. En proposant un jeu de données unique, partagé et interopérable, BOSCO offre un socle commun de discussion entre acteurs aux intérêts parfois divergents (agriculture, alimentation en eau potable, restauration des écosystèmes) dans un contexte de changement climatique. Le projet contribue également à standardiser les analyses à visée réglementaire, garantissant leur comparabilité et leur intégration dans les dispositifs de suivi existants.
Des données au service de l’action
Grâce à une collaboration étroite entre scientifiques et acteurs de terrain, BOSCO a permis de :
- Développer un produit de teneur en eau des sols en surface à la résolution de la parcelle (unité de gestion) sur l’ensemble de la Bretagne.
👉 Ce jeu de données homogène et ouvert, permet de favoriser le dialogue entre les différents acteurs pour appréhender les quantités d’eau accessible et appréhender leur partage.
- Mettre en œuvre la plateforme BOSCO d’exploration de ces données, à la fois dans l’espace et dans le temps.
👉 L’outil simple de synthèse temporelle, selon les « normales saisonnières », complète les outils de visualisation en proposant des outils d’anticipation. Au point de vue technique, c’est également le premier couplage de deux standards OGC de gestion des données (SensorThings).
-
Le développement d’un modèle physique simple, qui permet de transformer la teneur en eau de surface à la fois en teneur en eau racinaire (application : agriculture, calamités agricoles, protection des écosystèmes) et en recharge (application : alimentation en eau et protection des écosystèmes).
-
L’élaboration d’indicateurs utiles à la gestion opérationnelle à l’échelle de la parcelle
► Évolution de l’humidité du sol pour une parcelle sélectionnée. © BOSCO
|
|
Vers des politiques publiques plus informées
Région Bretagne, département Ille et Vilaine, BRGM, DDTM, DREAL, Chambre d’agricultures, syndicats des eaux et agences de bassin : les ateliers menés avec les collectivités et syndicats de bassin ont mis en évidence l'intérêt d'indicateurs accessibles, comparables d’une année à l’autre, et exploitables à l’échelle de la gestion. BOSCO montre ainsi comment les données spatiales peuvent devenir des leviers concrets de résilience territoriale.
Les retours d’expérience avec les acteurs bretons ont souligné l’intérêt de ces données interopérables et porteuses de sens pour l’action publique.
👉 Ainsi, la DREAL Bretagne, cheffe de file de plusieurs politiques environnementales, voit dans BOSCO un levier pour objectiver le suivi des sols, cibler les actions et évaluer leurs effets dans le temps.
👉 Le BRGM a salué la capacité de BOSCO à réconcilier les échelles locales et régionales pour apporter des réponses tangibles aux questions que posent les élus et gestionnaires de l’eau. En lien avec les réseaux piézométriques ou les modèles hydrogéologiques, BOSCO comble des vides, notamment dans la compréhension de la dynamique de recharge des nappes.
👉 Pour Dinan Agglomération, BOSCO pourrait renforcer la planification locale face aux sécheresses, identifier les zones à risque de ruissellement, ou encore suivre l’efficacité des politiques publiques.
👉 Ouvrant de nombreuses autres perspectives comme, par exemple, la possibilité de croiser humidité, géologie et usage des sols pour la prévention des risques littoraux (érosion, chutes de blocs), BOSCO préfigure une nouvelle génération d’outils territoriaux de résilience face au changement climatique.
Conclusion : une graine plantée pour l’avenir
Au-delà des avancées scientifiques et techniques, le projet a contribué à renforcer la capacité collective à utiliser les données d’observation de la Terre pour éclairer les choix d’aménagement et de gouvernance de l’eau. Sur le terrain de l’adaptation, BOSCO s’inscrit comme un maillon complémentaire des outils existants, en apportant une finesse d’analyse inédite.
Ce 25 avril n’est donc pas la fin de BOSCO mais, nous l’espérons, le début de son enracinement tant ses usages peuvent être nombreux et pertinents. Ses résultats restent accessibles en ligne pour continuer à alimenter de nouvelles politiques de l’eau, fondées sur des données fiables, mutualisées et coconstruites avec les territoires.
Consulter le détail de la méthodologie sur la page projet BOSCO