Retour sur les JACC Guyane 2025
Les scientifiques donnent l’alerte : nous nous dirigeons vers un monde à +3°C globalement, +4°C pour l’Europe. En France la mobilisation est guidée par le PNACC, Plan National d’Adaptation au Changement Climatique, dont Diane Simiu, Directrice du climat et de l'efficacité énergétique de l'air au Ministère de la transition écologique, nous donne les grandes lignes et les enjeux. |
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Pourquoi les JACC en Guyane ?
Si son climat est réputé pour sa stabilité, la Guyane, territoire français ultra marin situé en Amérique du Sud, n’est pas à l’abri du dérèglement climatique. En effet, l’étude de l’évolution du climat guyanais sur le demi-siècle écoulé (Météo France, 2024) atteste d’une hausse des températures maximales de 1,53°C couplée à des phénomènes extrêmes devenant plus fréquents, notamment des excédents ou déficits pluviométriques. « Des inondations inédites et des sécheresses extrêmes, des forêts fragilisées, des difficultés d’accès à l’eau, autant de problématiques qui aggravent l’enclavement des populations » a rappelé Jean Paul FERREIRA, Vice-Président de la CTG, lors la plénière d’ouverture. |
Le saviez-vous ? Tandis que le SCO bâtit son action sur l’utilisation des données satellite, la Guyane abrite le Centre Spatial Guyanais. Ils ont également en commun la notion de climat. Car la Guyane n’est pas la terre d’accueil des lanceurs européens par hasard ! Tandis que sa position équatoriale à 5,3° de latitude Nord confère aux fusées un gain de puissance grâce à l’effet de fronde naturel de la Terre, son climat exempté de cyclones, séismes et raz-de-marée constitue un atout sécuritaire pour les activités et les décollages. |
Face à ces constats, l’ADEME, l’AFD, l’AUDeG, la Banque des territoires, la CTG et les services de l’État, ont souhaité créer un espace d’échange, de partage de connaissance et de solutions. Reconnues comme une « COP territoriale », les JACC avaient plusieurs missions à tenir :
- Rappeler les conclusions de l’étude GuyaClimat (BRGM, Météo France, 2022) qui annonce des prévisions climatiques alarmantes à horizon 2100 : 46 à 84 cm d’élévation du niveau moyen de la mer, 4 à 34 % de diminution des précipitations, 25 à 30 % d’augmentation des vents, 1,5 à 4,5°C de hausse des températures.
- Décrypter le changement climatique et ses impacts, des enjeux qui soulèvent de nombreuses questions auxquelles les intervenants de la table ronde ont répondu.
🎥 Replay de la table ronde disponible ICI.

Extrait de médiation graphique réalisée par Fanny DIDOU tout au long des journées.
Pourquoi le SCO aux JACC de Guyane ?
Pour le SCO, participer aux JACC représentait l’opportunité d’être à l’écoute des discussions des scientifiques et des décideurs locaux, en vue de tisser des liens concrets, notamment en collaboration avec la station SEAS Guyane, qui acquiert et diffuse des images satellitaires à destination des acteurs publics du territoire.
C’est d’ailleurs aux côtés du chef de projet SEAS Guyane que le SCO a présenté l’alliance internationale et réaffirmé son accompagnement dans l’émergence de solutions de cartographies numériques au service de la résilience des territoires :
- Présentation des acteurs institutionnels français et internationaux ;
- Explicitation du rôle central du CNES en France pour la coordination de l’initiative, ainsi que pour l’accompagnement et le financement des projets ;
- Définition des principes de critériologie : pour être labellisés SCO, les projets candidats doivent s’appuyer sur l’utilisation de données satellitaires et d’autres sources de données pour cartographier les aléas, les vulnérabilités et les scénarios futurs (zones à risques d’inondation, sécheresse, recul du trait de côte, foyer épidémique…). Ces projets d’interface entre science, industrie, décideurs et société doivent être ancrés localement et reproductibles en d’autres lieux.
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◀︎ Le SCO a notamment présenté des solutions développées sur le territoire guyanais (OpHySE, Mangroves, Arbocarto, TropiSCO), qu’il s’agit de faire connaitre et de faire vivre pour les pérenniser et les mettre à la disposition des acteurs publics. Il a également donné des d’exemple de projets développés sur des territoires limitrophes ou ultra marins sur des thématiques impliquées également en Guyane (ALTELYS, Chove-Chuva, TAHATAI, LITTOSCOPE) |
Ateliers pour réfléchir collectivement sur des thématiques prégnantes pour le territoire
Comment habiter les villes de Guyane de demain déjà en surchauffe ? Quelles solutions de financement pour développer des actions d’adaptation ? Comment se préparer face aux risques côtiers et fluviaux ? Comment assurer un paradigme vers plus de sobriété dans l’exploitation des ressources naturelles ? Comment protéger les populations fragiles et anticiper les impacts du changement climatique sur la santé ?
Alors que « le changement climatique accélère les inégalités de la société et fragilise les populations », ainsi que l’a rappelé François GEMENNE, auteur principal dans le 6ème rapport du GIEC, il ne s’agit plus d’opposer les actions de décarbonation et celles de l’adaptation mais au contraire, d’agir sur les deux fronts.
Nourri des expériences, des réussites et des apprentissages respectifs dans les solutions développées, 6 ateliers ont mobilisé jusqu’à 60 personnes. Les débats ont permis de formuler des objectifs stratégiques prioritaires et des pistes d’action. Le dialogue territorial a notamment mis en lumière plusieurs axes transversaux essentiels sur lesquels bâtir une politique d’adaptation climatique régionale cohérente, efficace, et qui s’inscrive durablement au cœur des dynamiques territoriales :
- Renforcement des connaissances territorialisées
→ Outils d’observation, spatialisation des aléas et ressources, diagnostics partagés. - Formation, sensibilisation et culture de l’adaptation
→ Pour les élus, les techniciens, les jeunes, les médias, les citoyens. - Outils d’aide à la décision et planification adaptés
→ Urbanisme, santé, infrastructures, gestion des risques. - Valorisation des savoirs locaux et des coopérations régionales
→ Coopérations Amazonie-Caraïbes, partage d’expériences, mutualisation des méthodes. - Financements adaptés et soutenables
→ Plaidoyer, coordination, dispositifs spécifiques aux outre-mer et aux zones vulnérables.
Ces axes prioritaires permettront ainsi de nourrir la mission Guyane du PNACC3 et de soutenir une contribution guyanaise à la COP 30 qui se tiendra à Belém (Brésil) en novembre 2025.
Le SCO confirme son rôle de catalyseur en séance plénière
Exemples à l’appui, le SCO a montré qu’il est un allié dans le développement de solutions climatiques et de diplomatie scientifique. Le CNES, en tant que pilote de l’initiative et acteur majeur du territoire guyanais, doit soutenir les actions en ce sens. Une feuille de route pourrait être construite autour de 4 piliers d’action :
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Décloisonner : lier chercheurs, opérateurs, collectivités et société civile de Guyane.
👉 Pérennisation des outils SCO existants sur le territoire -
Territorialiser : produire des indicateurs et des outils contextualisés pour la Guyane.
👉 Ciblage de deux ou trois axes prioritaires pour de nouveaux projets SCO : aménagement urbain, inondations, suivi des écosystèmes forestiers -
Connecter : ouvrir les coopérations aux bassins Amazoniens, Caraïbes et Outre-mer.
👉 Extension de projets SCO existants en Guyane vers les Antilles, les pays voisins (Suriname, Brésil) ou dans le réseau des observatoires amazoniens. -
Soutenir : accompagner les porteurs de projets vers la labellisation, le financement et le rayonnement.
👉 Ouverture de l’appel à projets annuel le 1er septembre 2025