Surveiller la qualité de l’air depuis l’espace
Selon le PNUE, programme des Nations unies pour l’environnement, « la pollution de l'air, responsable du décès de plus de 6 millions de personnes chaque année, est à notre époque, le risque le plus important pour la santé environnementale ».
Nous abordons ici un sujet complexe où s’entremêlent émissions de gaz à effet de serre (GES) et de polluants, dans les deux cas causées par les activités humaines. Invisibles, en mouvement et non concernées par les frontières, il est extrêmement difficile de les quantifier et, de fait, d’établir des plans d’action pour améliorer la qualité de l’air. Mais grâce aux satellites et à des capteurs innovants, il devient possible de les traquer et développer des outils de traçabilité performants.
Jeudi 12 septembre 2024, la 14° Trimestrielle du SCO France a accueilli trois projets qui s’appuient sur les données spatiales pour aider à mettre en œuvre des actions d’amélioration de la qualité de l’air et optimiser les inventaires d’émission. En préambule a été présentée la mission italo-américaine MAIA, prévue au lancement fin 2024.
Pour toute question relative à cette trimestrielle, écrivez-nous ici.
Présentation de la mission MAIA
Par Giovanni Rum et Matteo Picchiani (ASI)
Portée par les agences spatiales américaine (NASA) et italienne (ASI, membre du SCO), MAIA (Multi-Angle Imager for Aerosols) développe un instrument à la pointe de la technologie spatiale. Avec pour objectif d’explorer les liens entre l’exposition à différentes particules en suspension dans l’air et la santé humaine, la mission fournira notamment des moyennes journalières de 7 types de particules dans des zones cibles dans le monde. Ces données alimenteront diverses études scientifiques (épidémiologiques, qualité de l’air, climatique) et contribueront à améliorer les modélisations. Découvrez cette remarquable mission dans le replay ci-dessous (en anglais). |
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Par Thomas Lauvaux (AEROLAB - GSMA)
AEROLAB SPACE s’appuie sur la synergie de données in-situ (sol, avion, drone, ballon) et satellite pour suivre les GES à l’échelle régionale. Conçu pour aider les collectivités dans leurs efforts de décarbonation, son suivi des GES en temps réel alimentera les bilans d’émission, indispensables mais actuellement très irréguliers et insuffisamment précis. |
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À retenir
- Données satellitaires utilisées : Tropomi, OCO2/3, MODIS et Sentinel-2
- Le système de modélisation est en place, l’équipe travaille actuellement sur l’optimisation des inventaires.
- Mise en ligne en 2025, une plateforme digitale fournira une cartographie et des indicateurs dynamiques de GES et permettra de simuler des diffusions de GES sur le territoire pilote, la région Grand Est.
- La trimestrielle a permis plusieurs prises de contact pour des synergies avec d’autres projets et un éventuel passage à l’échelle
💡 Actu : AEROLAB SPACE montre les GES à l’échelle de la région Grand Est (23/04/2024)
Par Pierre Sicard (Acri-ST)
La stratégie européenne Biodiversité 2030 demande aux villes de plus de 20 000 habitants de mettre en œuvre un plan de verdissement urbain ambitieux. Face à ce défi, GreenSpace propose aux villes de réaliser, grâce aux données satellite, un inventaire complet du patrimoine arboré privé et public, assorti d’une estimation des bénéfices environnementaux pour la ville et des recommandations de plantations. |
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À retenir
- Si les arbres rendent de nombreux services écosystémiques, certaines espèces peuvent être néfastes pour la qualité de l’air, par exemple en produisant plus d’ozone qu’ils n’en éliminent.
- Fruit d’une douzaine d’années de travaux préparatoires, GreenSpace est mis en œuvre sur deux villes européennes au climat et aux problématiques de qualité de l’air très différentes : Valence en Espagne et Bucarest en Roumanie.
- Données satellitaires utilisées : Pléiades et WorldView, à partir desquelles chaque arbre de la ville est identifié, géolocalisé et caractérisé.
- Capable de quantifier les services écosystémiques rendu par chaque arbre ainsi que son impact sur la qualité de l’air, le système génère un bilan global pour la ville et propose des recommandations de plantations d’espèces, avec identification des quartiers à reverdir en priorité (îlots de chaleur urbains).
- Les recommandations intègrent divers critères dont l’allergénicité aux pollens.
💡 Actu : GreenSpace : des arbres, oui, mais pas n’importe lesquels (12/02/2024)
Par Rémi Chalinel (WaltR)
S'inscrivant dans une prise de conscience mondiale quant à l'impact des activités humaines sur l'environnement, EDISON veut aider les collectivités publiques et agences gouvernementales à agir sur le terrain en croisant les mesures d’émissions avec les données caractérisant un territoire, son activité, sa population, son industrie… |
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À retenir
- Données satellitaires utilisées : Sentinel-3 et Sentinel-5P
- Le système génère des cartes journalières d’émissions de CO2 (dioxyde de carbone), NO2/Nox (dioxyde d’azote) et particules fines PM1/PM2,5. Il produit également des indicateurs permettant de tracer les changements ou les phénomènes pouvant avoir lieu sur le territoire pour simuler des scénarios d’émission.
- Le projet teste deux méthodologies : ADELE, 100% data, pour mesurer les émissions et faire ressortir les points chauds, et HERMOSA, qui utilise un modèle de chimie-transport, pour optimiser les inventaires d’émissions existants (précision améliorée de 14 à 50% selon les lieux).
- Les produits EDISON seront diffusés via un portail web en cours de développement.
💡Actu : EDISON : la qualité de l’air est une question d’échelles (19/06/2024)